Portrait

Rencontre avec Philippe et Laurent Soucat, associés-coopérateurs dans la Marne

Philippe et Laurent Soucat
carte sompuis
Polyculture (blé, escourgeon, orge de
printemps, pois d’hiver, pois de printemps, tournesol, colza, lentilles, betterave, luzerne, graminées, vesces, oeillette…) à Sompuis (Marne)

« Le programme TRANSITIONS est conforme à nos convictions mais nous étions dubitatifs sur notre capacité à faire mieux », commente Philippe. Lui, son frère Laurent et son cousin Jean-Claude, associés dans une SCEA, sont également partenaires dans une SNC qui réalise, avec un salarié, des travaux de prestations agricoles. Leur préoccupation pour l’environnement n’est pas récente : « Un tiers de nos parcelles sont situées dans des bassins de captage d’eau, donc nous essayons de trouver des cultures moins gourmandes en azote, même si ce n’est pas facile en terre de craie », explique-t-il. « Nous sommes membres du Club Agrosol et nous sommes partis sur des techniques simplifiées depuis quelques années déjà pour éviter l’érosion des sols. » Le diagnostic et les échanges avec leur TC leur ont démontré qu’ils pouvaient encore progresser sur certains points, comme diminuer la part d’engrais azoté liquide au profit de l’ammonitrate : « Depuis cette année, nous avons réduit de 80 % les apports liquides sur les céréales », poursuit Philippe. « Nous nous sommes équipés d’un semoir pouvant incorporer de l’azote et du phosphore au semis de colza et de betterave. En plus d’augmenter l’efficience de l’engrais, cela améliore la vigueur de départ de la culture, qui tolère mieux les attaques d’insectes, par exemple. Pour l’azote, c’est plus compliqué car nos pulvérisateurs ne sont pas équipés d’outils d’aide à la décision de géocalisation pour le faire. Ce sera sans doute notre prochain investissement. » Pour Philippe et ses associés, la contrepartie financière qu’offre TRANSITIONS est une opportunité pour accélérer leur changement de pratiques et tenter de nouvelles expériences : « Nous sommes moins regardants à faire plus d’hectares de Farmstar, nous poussons plus la réflexion à la parcelle », reconnaît-il. « Nous faisions deux analyses de reliquats d’azote en sortie d’hiver pour tous les blés. Maintenant, nous allons plus à la parcelle pour les autres cultures aussi et nous nous y retrouvons car nous partons sur la vraie valeur du sol ou de la plante », ajoute-t-il.

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Nous sommes moins regardants à faire plus d’hectares de Farmstar, à faire plus d’analyses de reliquats d’azote, nous poussons plus la réflexion à la parcelle… Et nous nous y retrouvons car nous partons sur la vraie valeur du sol ou de la plante.
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Philippe et Laurent Soucat

Autre levier, l’amélioration des couverts : « Avant, nos couverts réglementaires étaient composés de 70 % de moutarde blanche et de 30 % de couverts complexes (moutarde d’Abyssinie, vesces, phacélie…). Maintenant, les proportions sont inversées et nous avons même tenté des espèces plus élaborées comme les vesces pourpres ou velues ou la moutarde brune pour rallonger la durée des couverts et ramener plus d’azote dans le sol. Nous implantons aussi des couverts en intercultures courtes, après la récolte précoce d’un pois d’hiver fin juin et avant de semer un blé ». Finalement, des optimisations qui ne bouleversent pas complètement leur façon de faire et les incitent à aller encore plus de l’avant. « Cela demande juste un peu plus de rigueur et un peu plus de temps, notamment au niveau de la traçabilité avec Vi@Parcelle, qui reste néanmoins rapide à renseigner », conclut Philippe.

infographie magazine
Le point de vue de l’expert

etienne

Étienne Mignot, expert agronome, référent du socle agronomique du programme TRANSITIONS
 

Dans le programme TRANSITIONS, nous encourageons les progrès. Pour certaines exploitations, ce sera sur la teneur en carbone dans les sols, d’autres sur la biodiversité ou encore sur les émissions de gaz à effet de serre. Ce dernier est central dans le projet, c’est aussi celui qui offre le plus important potentiel d’amélioration. Plusieurs leviers possibles : optimisation des doses à l’aide d’OAD, changement de forme ou encore l’incorporation de l’azote aux semis. Cette pratique nécessite un matériel adapté mais réduit fortement les émissions de protoxyde d’azote par volatilisation lors de l’épandage, en plus des avantages techniques.

Publié le Vendredi 10 mai 2024