Rencontre avec Antoine Ferté, associé-coopérateur dans l'Aube
La ferme d’Antoine offre encore, à l’aube des années 2000, un paysage de champ ouvert de 400 hectares avec peu de diversité. Les quelques boisements existants ne sont pas entretenus. La grande taille des parcelles ne favorise pas les échanges entre les éléments fixes du paysage et rend plus sensibles les phénomènes d’érosion (vent et eau).
En 1999, la Chambre d’agriculture de l’Aube envisage une OGARE* axée biodiversité, sur un vaste périmètre incluant la ferme. Le projet n’aboutira pas, mais Antoine comprend alors l’interaction positive entre son environnement proche et ses parcelles cultivées. « Le territoire qui entoure mes parcelles fait partie intégrante de mon assolement. J’ai décidé de lui accorder autant de soin et d’attention qu'à n’importe quelle autre culture. » Il se lance alors dans la mise en place d’un aménagement global sur le territoire de sa ferme, incluant la réhabilitation des boisements existants. Il embauche Jacques Schweisguth, passionné de nature.
Entre 2001 et 2005, tous deux créent un maillage intégral de haies, bosquets, bandes enherbées, jachères polliniques et jachères fixes, réservoirs de diversité biologique. Les haies sont disposées sur le terrain de manière à créer une continuité dans le paysage en complément des massifs boisés existants et à recouper quelques grandes parcelles. « La taille des champs est passée de 40 hectares à une quinzaine d’hectares en moyenne. » Une banquette herbeuse accompagne toutes les plantations ainsi que les boisements existants. « C’est un facteur primordial de la biodiversité, qui fait lien et sens entre la haie et la parcelle cultivée », précise-t-il. « Avant de planter, Jacques a établi un inventaire des espèces d’arbres et d’arbustes présentes et l’a complété en utilisant 35 variétés d’arbres et d'arbustes afin d’avoir des plants adaptés au contexte local et la floraison la plus étalée possible. » Un investissement conséquent rendu possible par de nombreuses aides et des soutiens locaux et surtout la volonté d’aboutir en y mettant l’énergie et le prix. Certifié HVE depuis 2012 (le premier de la région), Antoine s’appuie sur des techniques, dites de « régénération » – couverture systématique des sols, technique culturale simplifiée, colza associé à des plantes compagnes… « Mon regard et mes actions sont tournés vers la préservation de la fertilité des sols et l’adaptation au changement climatique », conclut-il.
* OGARE : opération groupée d’agriculture plus respectueuse de l’environnement.
La mare artificielle crée un nouveau biotope pour le développement des insectes auxiliaires.
qu'à n’importe quelle autre culture.
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10 000arbres et arbustes plantés
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35espèces différentes sur environ 25 ha
Des ruches pour polliniser le territoire, lutter contre le déclin des abeilles et contribuer au développement de tous les insectes en général (carabes-syrphes-coccinelles...).