Portrait

Rencontre avec Bruno Beyris, associé-coopérateur dans la Marne

Bruno Beyris
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Polyculture (blé, escourgeon, orge de printemps, colza, pois de printemps, tournesol, maïs…) à Écollemont (Marne)

Bruno Beyris prévient d’emblée avec humilité : « Je ne suis absolument pas légitime à donner des leçons à quiconque ! Tout ce que je sais aujourd’hui, je l’ai appris récemment au contact d’experts ». Bruno est en reconversion professionnelle. Il y a quatre ans, il décide avec son épouse de reprendre l’exploitation de son beau-père, jusqu’alors gérée par une ETA, et commence à explorer de plus près un monde qui l’a toujours intéressé. « J’ai commencé par des travaux sommaires de préparation des terres, de déchaumage. Peu à peu, j’ai acheté du matériel d’occasion et, maintenant, je fais une grosse partie des travaux et confie à un prestataire les chantiers les plus lourds. » Il a tout appris sur le tard et sur le tas : « Et j’apprends encore tous les jours », insiste-t-il. Toujours à l’affût de conseils, Bruno a suivi l’audit proposé dans le cadre de Fermes du Futur porté par la région Grand Est afin de dresser un état des lieux de la ferme, d’identifier ses points forts et de bâtir un plan d’action. Pour lui, le programme TRANSITIONS est une formidable opportunité de capter de l’expérience sans perdre de temps sur ce qui lui semble essentiel pour l’avenir de l’agriculture : une plus grande autonomie vis-à-vis des intrants, un minimum de travail des sols, des couverts pour piéger le carbone et l’azote, des rotations longues pour minimiser l’apparition d’adventices, etc.

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TRANSITIONS est pour moi une école qui va m’aider à mettre en oeuvre plus vite et plus facilement des pratiques auxquelles j’adhère et je crois.
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Bruno Beyris

Bruno a commencé à équiper un hangar pour le stockage de panneaux photovoltaïques (une seconde installation est prévue d’ici deux ans) et s’est équipé d’un semoir à dents acheté d’occasion pour faire du semis direct et du semis de couverts, il n’exporte pas les pailles, il n’utilise que la forme solide pour toutes ses fumures et un peu de compost sur les têtes de rotation. Certifié CE2, il vise désormais le niveau CE2+, qui intègre le volet biodiversité exigé par le niveau HVE. « TRANSITIONS nous conforte dans nos orientations et nous aide à aller plus loin », ajoute-t-il. « Cette année, sur les conseils de notre TC référent, nous avons semé de l’escourgeon directement dans un couvert de fèveroles. Pour l’instant, cela a l’air de bien fonctionner, c’est encourageant. » Ses efforts se portent aussi sur la durée des couverts en essayant de les semer plus tôt et de les détruire le plus tard possible. « Ici, nous avons des sols battants. Depuis trois ans, je vois la différence grâce aux couverts, le sol retrouve son élasticité. » Bruno en est convaincu : « Il reste beaucoup de choses à perfectionner et à faire mais nous avançons dans le bon sens, dans le sens de l’histoire ».

Le point de vue de l’expert

etienneÉtienne Mignot, expert agronome, référent du socle agronomique du programme TRANSITIONS
 

Les couverts ont un rôle central dans le programme TRANSITIONS car ils correspondent à une source importante de carbone qui pourra alimenter le sol. Aussi les couverts peuvent, lorsqu’ils sont performants par leur C/N faible, constituer une fourniture d’azote au sol, mais aussi à la culture, ainsi qu’une réduction d’apports minéraux. Le choix des espèces et la méthode d’implantation sont à prendre très au sérieux. Pour que les couverts soient réussis et en tirer le maximum, il faut une implantation de qualité. S’équiper avec un semoir direct à dents est l’une des façons d’améliorer les levées, même en conditions estivales parfois très défavorables.

Publié le Vendredi 10 mai 2024