Rencontre avec Marc Yverneau, associé-coopérateur dans la Marne
Certaines rencontres peuvent changer le cours d’une vie. Pour Marc, ce sont les truffes…
« La truffe, c’est le fruit du travail du tronc, des branches, des feuilles, des fruits et des racines, des mycorhizes dont les filaments mycéliens donnent naissance à des truffes… », explique-t-il.
Nous sommes en 1998, et pour le jeune ingénieur agronome qui vient de reprendre l’exploitation familiale de 140 hectares après un début de carrière dans la plasticulture puis dans le conseil en gestion, la découverte du monde magique de la truffe va agir comme un révélateur. « J’ai compris que nous devions avoir une autre approche de l’agriculture. »
« Que nous devions changer de posture vis- à-vis de la nature, qui sait si bien faire. Ne pas chercher à la maîtriser mais au contraire chercher à la comprendre pour mieux l’accompagner… »
Avec trois autres passionnés, dont un ingénieur forestier à la Chambre d’agriculture de la Marne et le chef de service forêt et biodiversité à l’INRAE de Nancy, il crée une association de truffiers et se lance dans l’aventure de la biodiversité forestière à vocation cynégétique et écologique : cela se traduit par deux haies truffières dans ses champs composées de huit essences d’arbres truffiers, trois à quatre essences d’arbres compagnes et un mélange de graminées légumineuses.
Objectif : copier des ambiances forestières pour (re)créer des sas écologiques pour la faune environnante – lapins, cerfs, insectes, abeilles – qui se trouvent dans les bois.
« Mixer le monde végétal et le monde forestier redynamise les sols qui ont pu s’appauvrir depuis 50 ans par l’usage d’intrants et la mécanisation agricole ». Fertilité, lutte anti-érosion, tampon climatique, les enjeux sont nombreux. « Nos haies sont un mélange subtil et intime qui préserve la nature et atténue les aléas et les chaos climatiques », précise-t-il. Une agroforesterie à vocation productive (Marc récolte entre 200 grammes et 800 kilos par hectare, selon les années) qui n’était jusqu’alors pas financée. Les choses changent, notamment grâce à l’action de son association, qui compte aujourd’hui 60 membres : « La Région Grand- Est finance 2 hectares de plantation truffière, devenue un axe de professionnalisation, à hauteur de 50 % » précise Marc, qui projette de replanter 1,5 hectare supplémentaire.
-
2haies truffières sur 1,5 hectare
Les haies truffières qui bordent les champs de Marc recèlent des trésors de la nature...