Rencontre avec Victorine Desloover, associée-coopératrice dans la Marne

Après cinq années passées à apprendre le métier aux côtés de son père Bruno sur l’exploitation familiale, Victorine va pouvoir assurer la relève dès juillet prochain. En s’attachant, comme lui, à évoluer vers des pratiques toujours plus respectueuses de l’environnement et du vivant.

Car aussi loin que remontent ses souvenirs, son père n’a jamais aimé traiter ses champs comme beaucoup de ses collègues agriculteurs ; peu d’herbicides et plus du tout d’insecticides depuis près de dix ans. « Notre idée de ne plus en faire a été confortée depuis que nous hébergeons des ruches » précise Victorine. Avec l’arrivée des abeilles est venue l’idée d’implanter des jachères mellifères le long des parcelles. Un savant mélange de plantes productrices de pollen et de nectar qui offre aux insectes pollinisateurs, mais aussi aux auxiliaires de culture, des ressources alimentaires en dehors des périodes de floraison, de la flore sauvage et des cultures. Et un couvert pour la faune sauvage, notamment le petit gibier.

Autre intérêt pour l’exploitation de 330 hectares située en bordure d’une route très fréquentée, « les bandes fleuries offrent au grand public une image positive de l’agriculture », explique Victorine. Le projet se transforme finalement en une implantation, à l’automne dernier, de plusieurs haies. Composées de plus d’une vingtaine d’espèces d’arbres, de buissons hauts et de buissons bas, les haies, plus simples à entretenir, offrent également un abri pour les oiseaux. Un projet de longue haleine car « autant une jachère mellifère pousse vite et vous pouvez voir le résultat dans l’année, autant la pousse de haies nécessite plusieurs années et un accompagnement ».

Victorine ne compte pas s’arrêter là : malgré quelques déboires en matière de pratiques en agriculture de conservation des sols (ACS) – « on est sans doute allé trop vite en basculant brutalement du conventionnel au semis direct, dans une terre trop humide pour notre semoir » –, elle espère pouvoir se lancer dans le semis de couverts permanents.