Beine-Nauroy : rencontre avec Florence Didier, agricultrice-coopératrice
Pour Florence Didier, l’important c’est de se lever chaque matin avec l’envie de travailler. Elle effectue tous les travaux de précision sur ses 167 hectares et prend aussi le temps d’expliquer son métier autour d’elle.
-
1993 : Installation après des études agricoles courtes pour entrer dans le concret.
-
1996 : Association avec ses parents dont elle reprendra l’exploitation lors de leur départ à la retraite.
-
2010 : Début des apports systématiques de matières organiques : bouchons de lisier de porc, vinasse et enfouissement des pailles, sauf si les éleveurs en manquent car l’agriculture c’est aussi la solidarité.
Un métier passion à expliquer
Installée depuis 1993, Florence exploite 167 hectares organisés en deux îlots principaux, l’essentiel proche de chez elle, le reste à une quinzaine de kilomètres. « Pour moi, le principal c’est de me lever tous les jours en étant heureuse d’aller travailler dehors mais aussi d’avoir des interactions avec des personnes extérieures. Car qui mieux que nous peut expliquer ce que nous faisons ? Nous n’avons pas pour but de polluer mais de nourrir les Hommes » martèle-t-elle.
Ce travail de pédagogie doit se faire, pour Florence, au quotidien et au plus proche de chez soi, dans sa vie hors métier, comme sur son lieu de villégiature. « Je me souviens d’un apiculteur avec qui nous avons discuté. Je ne dis pas forcément que je suis agricultrice tout de suite » se rappelle-t-elle. Elle reconnaît avoir subi autour de l’exploitation quelques propos peu amènes. Sa pratique des arts martiaux lui permet de rester calme face à une situation qui risque de dégénérer. Mais expliquer, cela fonctionne : ses proches voisins la saluent même quand elle sort le pulvé car ils savent pourquoi elle le fait. « Le pulvérisateur cristallise les critiques. Je viens d’ailleurs d’en acheter un avec des jets tous les 25 cm pour être au plus près de la plante traitée ».
Pendant le premier confinement, elle reconnaît avoir été fière des applaudissements sur son passage, les gens prenant conscience de l’importance de produire en France, « même si ça n’a pas forcément duré chez tout le monde » sourit-elle.
Un métier en évolution permanente
Florence est autonome pour le matériel, sauf pour l’arrachage des betteraves. « J’ai des coups de main en entraide et j’emploie des salariés en contrat Tesa (avec la MSA) pour le labour et le déchaumage, mais tous les travaux de précision, c’est moi qui les assure ». Elle se forme sans cesse : « la révolution technologique est un des éléments attrayants de notre métier, notamment les outils d’aide à la décision pour connaître les risques de maladie en fonction de la météo. Même si bien sûr, c’est toujours nous qui décidons ».
Sa devise, c’est le sol : « c’est le support, la mécanique ça vient après. Depuis 10 ans, j’apporte beaucoup de matières organiques et je fais des analyses de chaque parcelle tous les 4-5 ans. ». Une aide indispensable pour gérer l’hétérogénéité de ses terres.