Saint-Étienne-à-Arnes : rencontre avec Pascal Perard, agriculteur-coopérateur
Pascal Perard, de Saint Étienne-à-Arnes dans les Ardennes, a l’habitude de travailler avec d’autres, que ce soit au sein de la coopérative ou dans la Cuma. C’est d’ailleurs avec 6 des 13 collègues de celle-ci qu’il construit un nouveau projet fédérateur, celui d’un méthaniseur agricole.
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2004 : Pascal s’installe le 1er janvier sur l’exploitation familiale de Saint-Étienne-à-Arnes après son BTS en productions végétales. Il s’agrandit lors du départ en retraite de deux de ses oncles.
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2016 : L’année « misère » qui enclenche les premières réflexions de diversification entre collègues de la Cuma.
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2019 : Le département lance son Pacte Ardennes et affiche son soutien aux projets de biogaz en incitant notamment GRDF à installer un rebours à Vouziers.
Un projet collectif pour transformer les déchets agricoles en énergie renouvelable
« La banque m’a incité à réfléchir à cette idée, même si nous avons déjà des rotations assez variées. Elle a insisté sur l’importance de diversifier nos risques en ne mettant pas tous nos œufs dans le seul panier des grandes cultures. » Il y a 4 ans, un premier projet collectif de méthaniseur pour produire de l’électricité n’aboutit pas mais, en 2019, le département signe son Pacte Ardennes. Ce plan de soutien cible particulièrement la production d’énergie renouvelable. Le contexte est donc très favorable. D’ailleurs, huit projets de méthaniseurs agricoles sont en cours dans le sud du département, autour du point d’injection que GRDF devrait bientôt ouvrir à Vouziers.
La construction du méthaniseur agricole
La construction du méthaniseur du groupe de Pascal Perard a démarré début 2021 pour une mise en service en 2022. Avec une mission pour chacun : assurer l’autonomie d’alimentation de ce projet collectif. « L’avantage de n’être pas seul dans le projet, c’est qu’aucun de nous n’aura besoin de bousculer 100 % de ses surfaces pour assurer l’alimentation du méthaniseur, même dans l’hypothèse de sa montée en puissance dans les 5 à 10 ans » souligne le producteur. Tous les collègues partagent la même volonté : le méthaniseur ne doit pas pénaliser leurs fermes en appauvrissant leurs sols. Déjà habitué à implanter des cultures intermédiaires pièges à nitrates (CIPAN) pour couvrir ses sols après une culture de printemps, Pascal passe donc aux cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE), avec l’intention de trois cultures en deux ans. Il est soutenu d’une part par les essais du service agronomique de VIVESCIA pour déterminer les meilleurs mélanges dans ces terres de la Champagne crayeuse, d’autre part par son groupe Agrosol dédié à l’agriculture de conservation des sols. « Et les digestats du méthaniseur reviendront sur nos sols. Nous en attendons donc plus d’une valorisation, économique et agronomique, tout en lissant nos revenus » conclut-il.